De retour à Dakar, pour notre troisième semaine en terre Africaine.
Quel dépaysement et quel bonheur ! Escale riche humainement.
Notre séjour au Sénégal s’est déroulé en 3 étapes.
Première semaine passée au Cercle de Voile de Dakar (CVD) puis séjour dans le Delta du Siné Saloum et navigation dans les bolons au milieu des mangroves, extra !
Retour au CVD anticipé (ah ce moteur bâbord) à Dakar.

La première semaine à Dakar
Le CVD est situé dans la baie de Hann, pas très loin du centre ville. Cela a du être une baie et une plage magnifique mais actuellement, c’est sale et pollué. On ne voit pas le fond avec 1m d’eau… Le mouillage est payant et le club propose des services tels que l‘avitaillement d’eau, d’essence ou de gaz, le lavage du linge, une salle bar avec wifi et des douches. Il y a également de nombreux corps de métier : voilier, mécano, mama couture (moustiquaires, rideaux, vêtements). Nous faisons faire par Diego une grande toile en pvc (qui nous servira aux Antilles à nous protéger des grains et du soleil lorsque nous serons au mouillage et une housse pour l’annexe, et consolidons également notre taud).
Le lendemain de notre arrivée, nous avons la joie de voir arriver en même temps nos bateaux copains Cocodelo et Océanix puis le lendemain Kitery. Et c’est reparti pour des soirées apéro et des après-midi où les enfants jouent ensemble. La baie étant très sale, elle ne permet malheureusement pas la baignade. Pour trouver de belles plages, il faut aller au nord de Dakar mais la circulation rend le trajet assez long. Nous louons tous ensemble un mini bus pour aller visiter le lac Rose qui tient son nom de sa couleur due à une micro algue. Le lac qui est proche de la mer est salé et permet une récolte de sel de plus de 24 tonnes par an. Le sel forme une croute épaisse au fond du lac qu’il faut craqueler en morceaux afin de pouvoir le récupérer. Nous allons faire une ballade à travers les dunes pour rejoindre l’océan où les enfants pourront se baigner mais juste au bord car les rouleaux sont assez forts. Nous terminerons notre journée par la visite du centre des tortues terrestres qui s’occupe de leurs sauvegardes. Nous visitons également l’ile de Gorée située à quelques encablures du centre ville de Dakar. Cette petite île, riche en histoire tragique, a servit pendant plus de 400 ans à la traite des esclaves. Aujourd’hui, c’est une île qui sert d’exposition aux artistes et qui accueille des festivals de tous genres. L’architecture des maisons coloniales a été conservé et est magnifique. C’est aussi là que se trouve La Maison des esclaves, seul monument commémoratif de l’esclavage de toute la côte ouest Africaine.
Dakar en elle même n’a rien de charmante : congestionnée par un trafic automobile dense et anarchique, saleté et chaleur étouffante, pas de quartier historique… n’en reste pas moins que les gens sont supers. Sourires et échanges à gogo.
L’heure du départ a sonné, direction le Saloum

Le Siné-Saloum
Nous partons aux aurores avec Océanix pour le Siné-Saloum. Une journée entière de navigation dans le petit temps et véritable slalom au milieu des filets qui sont parfois d’une densité incroyable… nous pêcherons 3 petites bonites et nous arrivons en fin d’après midi dans l’embouchure du Saloum.
Le Siné Saloum est un delta couvert de mangroves et parsemé d’innombrables îles séparées par les bolons. l’eau est saumâtre et y est aussi salée que la mer. La très grande majorité est navigable et il y a une vingtaine de villages dispatchés sur les îles. Le delta a été classé au patrimoine mondial comme zone de biosphère.
C’est dans le village de Bassoul que nous devons nous rendre pour notre mission solidaire auprès des enfants Albinos.
Nous faisons nos adieux à nos amis belges que nous ne sommes pas sûrs de recroiser : ils vont faire la transat directement du Saloum, plus tôt que nous et ont prévu de passer beaucoup de temps dans le nord des Caraïbes (Cuba). Bonne traversée à eux !
Nous remontons le Saloum et nous engageons dans le bolon nous conduisant au village de Bassar. Le village de Bassar se trouve sur la même île que Bassoul, à 30mn de marche (Bassoul est bien desservi par un bolon mais beaucoup plus étroit et moins profond). Les berges sont entièrement couvertes de mangroves avec quelques baobabs parsemés ici et là. Une multitude d’oiseaux fréquente ces eaux très poissonneuses. C’est superbe !
Les villages sont très agréables et tous bâtis sur le même principe : un ponton pour les transports (pas de route, tout se fait en pirogue), des allées de sable et de grandes maisons familiales avec une grande cour intérieure (famille au sens large : aïeux, frères, cousins… habitent ensemble; pas moins d’une vingtaine d’enfants dans toutes ces maisons). Le minaret de la mosquée et l’antenne de téléphonie mobile sont les seuls éléments visibles au dessus des mangroves.
Bonjour, ça va, oui ça va, et toi ? Et la famille…Les formules de politesse invariablement répétées tout au long de la journée et qui sont garantes du lien social si fort propre à ces communautés. Pauvres Européens que nous sommes repliés sur nous mêmes et peureux de l’autre…
Tout est calme, beau et les gens sont adorables et heureux de pouvoir causer…
C’est la saison des tournois de lutte, sport national au Sénégal. Nous avons la chance d’assister à la finale locale. Haut en couleur !
Notre mission pour le compte de Voiles sans frontières consiste à recenser et mettre en place un suivi pour les enfants Albinos.
L’albinisme est très fréquent dans ce village du fait d’un nombre élevé de mariages consanguins. Les albinos sont bien acceptés à Bassoul mais ce n’est pas le cas partout et ils peuvent même être victimes de sacrifice. N’ayant pas de protection cutanée contre le soleil, la prévention reste le seul moyen de retarder au maximum l’apparition des cancers de la peau. Ils ont donc besoin de crème solaire, de lunettes de soleil, de porter des vêtements longs, chapeaux. Ils ont d’importants troubles visuels compliquant grandement leur scolarité.
Nous passons une petite semaine dans le village à rencontrer les enfants Albinos et leurs familles. Il y a 14 albinos âgés de 10 mois à 26 ans. La photoprotection, ce n’est pas gagné !
Nous sommes épaulés par Moussa Sarr et Tening Diop. Un grand merci à eux !
Nous quittons Bassar et Bassoul pour faire un peu de tourisme dans les bolons. Notre réserve en eau est encore de plus de moitié donc pas de problème de ce côté. Nous faisons bien attention à l’eau car ici elle est rare et très précieuse, et nous savons que nous ne pourrons pas faire le plein et que nous ne pouvons utiliser le déssal. Alors la vaisselle se fait dans l’eau de la rivière (saumâtre et aussi salée que l’eau de mer) et ensuite juste un petit rinçage à l’eau douce. Pour les douches, idem nous prenons des sceaux d’eau de la rivière : mouillage, savonnage et rinçage ainsi puis à nouveaux rinçage avec notre pulvérisateur d’eau douce acheté à Dakar.
Direction Foundiougne qui est une petite ville située un peu plus haut sur le fleuve non sans s’arrêter à Djifer, haut lieu de la pêche à la crevette (on rempli le frigo de crevettes péchées du jour, miam miam !!!). On passe quelques jours à Foundiougne puis on reprend la route pour descendre un bolon complètement sauvage. Oiseaux à Gogo, chacal, globicéphales, un singe aperçu… on arrive alors près de la mer, on mouille près d’un cap seul au monde. Magnifique ! Malheureusement et alors qu’on avait prévu de continuer notre périple dans cette merveilleuse région, un nouveau souci de moteur nous contraint à modifier nos plans. Un des joints spi a lâché, toute l’huile du moteur gauche a fui dans la cale !!! Zut et zut. Nous décidons donc de rentrer sur Dakar ou nous espérons pouvoir faire réparer le moteur. Il nous faudra 2 jours pour remonter contre le vent. On ne veut pas naviguer de nuit compte tenu du nombre de filets et donc faisons une escale à Salé ( côte d’Azur de la côte ouest de l’Afrique)…

Dakar, le retour
Nous voilà à nouveau au cercle de voile. Le mécano est passé, c’est bien un joint spi. Il peut le réparer. C’est quand même une grosse intervention : il faut désaccoupler le moteur de l’embase, déconnecter toute l’électricité et les durites, retourner le moteur puis ouvrir l’inverseur et accéder au vilbrequin… Inch Allah tout cela devrait être fait dans la cale moteur et rapidement ! On en profitera pour faire la vidange des 2 moteurs.
On rencontre de nouveaux bateaux copains (la vie en rose et djedjero) histoire de reprendre les apéros et barbecue!
On s’échange carte nautiques, guides de navigations, dessins animés… On récupère opencpn et les cartes. Top logiciel de nav gratuit et mieux que ceux payants !!
On fait les quelques bricolages en attente sur la liste, les pleins de gasoil et eau, l’avitaillement.
Dès que le moteur sera réparé, nous mettrons les voiles direction le Cap-Vert, dernière escale avant la grande traversée…