Avant ce voyage, nos plus longues traversées à Estelle et moi faisaient moins de 300 milles (Corse ou Irlande) et c’était déjà une aventure en soi… Deux ans plus tard, cela nous fait sourire et 300 milles nous paraît vraiment court…

Les traversées sont vraiment un moment à part lors d’un périple comme le nôtre. Plusieurs facteurs y concourent : la pleine mer et son côté tout à la fois exaltant et inquiétant, la vie en vase clos, le rythme sommeil- veille tellement différent de nos habitudes, le temps qui prend une tout autre dimension (il s’étire sans fin puis se raccourcit) et enfin ce qui fait la spécificité du voyage en bateau : le temps que l’on a pour à la fois digérer l’escale précédente et se préparer à la nouvelle…

Vous l’avez compris, une traversée c’est le temps d’un voyage et un voyage dans notre temps !

Alors bien sur, il est des traversées plus ou moins heureuses (ou galères selon la fameuse histoire du verre à moitié plein), certaines que l’on préférerait ne pas avoir fait et d’autres que l’on referait sans hésiter.

Deux facteurs sont déterminants pour une traversée heureuse (ou pas !) : la météo et l’allure du bateau.

Pour l’allure, tous les marins sont unanimes : vive le portant !!! Le portant c’est quand le vent vient de derrière. Généralement il vaut mieux qu’il vienne un peu de travers (130 à 150 degrés de l’axe du bateau). Pour qui n’a jamais navigué, ne vous y trompez pas, l’allure c’est primordial !!!

Lorsque le vent vient de derrière : vous avez les vagues avec vous (bien qu’il puisse arriver que la houle soit dans une autre direction), le vent que vous ressentez est moins fort que le vrai vent puisque votre vitesse se soustrait au vent (ainsi si vous avez 20km/h de vent et que votre bateau avance à 10 km/h, vous n’avez sur le bateau qu’un vent de 10km/h. Si au contraire le vent vient d’en face, alors c’est l’inverse et vous avez 30 km/h de vent sur le bateau ce qui est moins agréable).

La météo c’est facile à comprendre : du vent mais pas trop et du soleil avec si possible des températures agréables… Pour le vent, ça dépend un peu des bateaux et des équipages. Pour nous 15 à 20 noeuds c’est absolument parfait. On avance bien et c’est super confortable…

Si l’on met de côté les navigations de moins de 48h nous aurons fait 14 traversées.

La meilleure de toutes (à l’unanimité de l’équipage) : la transat aller qui est aussi notre plus longue (2700 milles, 14 jours). Conditions parfaites quasiment tout du long (météo, allure) et un moment privilégié de vie en famille. Incontestablement, un des moments les plus marquants de notre voyage et que nous avons le plus apprécié !

 

La pire de toute : Cuba –République Dominicaine : pourtant pas si longue mais contre le vent (et souvent les courants) avec des moments de vent fort… Eprouvant pour l’équipage, éprouvant pour le bateau !

 

Celle dont on est le plus fier : la transat retour (12 jours et des brouettes, 2000 miles) : c’est la traversée qui fait peur à bon nombre d’équipages. Cette traversée se fait assez au nord, là les vents dominants sont d’ouest (toujours ce problème d’allure). L’inconvénient c’est qu’on se trouve alors sur la route éventuelle des dépressions de l’Atlantique nord… Une dépression creuse peut transformer une croisère en véritable cauchemar… De plus, les vents et les conditions changent facilement. C’est la raison pour laquelle nous avons demande à Baptiste de venir (un équipier en plus change tout en cas de conditions diffciles) et un routeur météo qui surveille pour nous l’arrivée d’une éventuelle dépression.