Traversée Rabat (Maroc) – Lanzarote (Canaries)

Première traversée hauturière océanique et pleines d’aventures !!
Départ Dimanche vers 17h après avoir fait les formalités de sortie. Estelle a interdit au chien des douanes de monter à bord : lors de notre arrivée cet animal avait laissé des tas de poils dans tout le bateau et quelques rayures sur les planchers…
Dès le départ nous sommes obligés de slalomer entre les filets de pêche très nombreux et en particulier les filets dérivants qui sont directement à la surface et s ‘étendent sur des centaines de mètres.
Les conditions météo sont très agréables : 10-15 noeuds de vent et nous sommes sous grand-voile pleine et code-zéro.
La nuit devient très stressante à cause des filets dérivants très nombreux et difficile à repérer car peu signalés, obligé de passer du temps aux jumelles (merci Christophe et bon anniversaire !) pour frayer son passage et nous sommes déjà très au large.
D’un coup je vois de chaque côté du bateau 2 grandes trainées phosphorescentes : nous venons de rentrer en plein dans un filet dérivant sans aucune signalisation lumineuse !!! Ah les pêcheurs marocains…
Heureusement nous étions de travers et les dérives étaient en position semi basse, c’est donc elles qui ont pris le choc et non pas les embases moteurs ou les gouvernails.
Branle bas le combat, je réveille Estelle en hurlant… Affalage du code zéro puis de la grand voile.
Le filet nous entoure maintenant complètement, impossible de mettre les moteurs en route par peur de coincer le filet dans les hélices…
Houle de 1m, nuit noire, l’inquiétude nous gagne…
Arrive alors la barquasse des pêcheurs (petite barque en bois, 2 hommes d’équipage, pas de VHF…) qui se prennent une salve d’injures à la hauteur de notre dépit. On parlemente, ils ne veulent pas couper le filet mais nous tirer avec leur moteur hors-bord de 40cv… je refuse…
Je menace d’appeler les garde-côtes, de tout couper moi-même.
Ils finissent par couper le filet… il faudra que je coupe 3 autres endroits pour enfin nous dégager sans dégâts…
Le reste de la nuit sera particulièrement stressant, les bateaux de pêche étant encore très nombreux… nous croiserons d’ailleurs le lendemain un dernier filet dérivant à plus de 50 milles au large sans signalisation autre que des petits flotteurs dans de la houle de 2 m et une toute petite barque avec un homme seul a bord… je plains les pêcheurs marocains qui sont très probablement employés et dons pas responsable de cet état de fait mais les eaux marocaines ne sont pas sûres et nous n’y naviguerons plus la nuit…
La journée du lendemain le vent est bien établi à 20 noeuds et fraichissant à 25 nœuds (on prend notre premier ris). La mer est bien formée et nous découvrons la grande houle de l’atlantique. Si le bateau reste confortable, les 2 grands moussaillons ont le mal de mer et les parents accusent la fatigue de la nuit et des émotions précédentes…
Pas de cned, peu d’activités si ce n’est sieste et lecture. Enfin au grand large nous pouvons nous relâcher un peu : plus de pécheurs et plus de bateaux : seuls dans l’immensité.
Nous pêchons notre première (petite) dorade coryphène.
La nuit tombant, on décide de prendre un deuxième ris, on a parcouru 160 milles les premières 24h.
Quarts sans problèmes particuliers malgré un vent qui monte doucement. La journée de Mardi se déroule à toute vitesse, vent entre 30 et 35 nœuds, mer grosse (4-5m de houle) avec quelques vagues qui déferlent. Majestueux !!! On arrive quand même à cuisiner et manger (coryphène au four sur lit de patates, oignons et tomates façon Manou.
Les enfants alternent entre « je suis malade », dessin animé et regarder les vagues en cherchant les plus grosses. C’est incroyable leur faculté d’adaptation. Il n’y a que Malo qui reste végétatif quasiment toute la journée. On se rappelle avec Estelle que lors de sa première croisière (il avait alors 15 mois) il était déjà comme ça en navigation, pas chiant mais éteint… il n’a pas changé !!! En tout cas les enfants sont agréables et s’occupent seuls.
22O milles parcouru en 24h, presque 10 nœuds de moyenne, ça fuse.
Troisième nuit de quart beaucoup plus calme, le vent a baissé à 15 noeuds, nous sommes sous grande voile haute et solent.
Dernière petite aventure, la bosse de grand voile casse au milieu de la nuit, nous obligeant à reprendre un ris malgré le vent faible. C’était l’une des seules cordes que je n’avais pas change avant le départ la trouvant en bon état (sic !).
Pour les non-voileux, la bosse sert à maintenir la grand voile au bout de la bôme.
Au Matin, nous arrivons en vue des Canaries, le vent tombe complètement et tourne (5 nœuds de face) nous obligeant à terminer la traversée au moteur (snif !).

Quelle traversée !!
Nous choisissons d’aller dans une marina pour pouvoir nous reposer et dormir sur nos 2 oreilles et puis il faut changer la bosse qui est partie dans la bôme…Et faire un grand coup de ménage au bateau et prendre une bonne douche…